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Canveral

À mon réveil, je descends au bar et on m'offre un petit déjeuner. Le maire vient à moi vers 9h et me demande de passer le voir une fois que j'aurai terminé de manger. Je fini donc mon café et mes tartines, puis grimpe jusqu'à la mairie. Je le retrouve et il me demande si j'ai besoin d'argent (il parle un peu français). Je lui répond que je n'ai réellement besoin de rien car je me débrouille bien en m'invitant chez les gens. Mais malgré tout il me tend un billet. "Voici de quoi manger jusqu'à la fin de ton voyage". Wouah... J'ai du mal à la fois à y croire, et à la fois à comprendre. Je ne pensais pas mériter autant. Je n'aurai donc plus besoin de galèrer pour la nourriture jusqu'à mon point d'arrivée dans 3 jours. C'est un soulagement, car je vais enfin pouvoir manger chaud ! (Ce qui ne m'est pas arrivé depuis une semaine, je crois... ou alors peut être une fois, mais pour le reste je me nourrissais que de légumes, fruits et de sandwichs que l'on m'offrait). Mais à la fois je suis presque triste de ne plus avoir à aller vers les gens pour "mandier" parce que c'était vraiment fun et que je faisais plein de rencontres sympas. Mais bon, je ne vais pas non plus m'en plaindre ! Le sourir aux lèvres je débute ma journée de roulage. Je dois affronter de la grimpette toute la matinée, mais j'ai la formidable sensation que mes muscles on beaucoup progressé depuis le début du voyage. Avant de manger, je suis passé par une montée de plus de 30 minutes avec un bon pourcentage de pente, sans que mes jambes ne chauffent d'un poil. D'ailleurs, visuellement je vois bien que je suis plus affûté. C'est gratifiant de se rendre compte concrètement du bénéfice de toute cette souffrance endurée quotidiennement depuis presque 2 mois. Par contre j'ai perdu 7 kilos que je compte bien reprendre... A midi, grâce à l'argent du maire, je déjeune dans un très joli village. Le soir, après 170 km je m'arrête à Cañaveral, le village où je compte dormir. Je décide de pratiquer "la technique du strike", c'est à dire repérer un groupe de personnes le plus grand possible et de me présenter ouvertement à tous, en expliquant que je cherche à me faire inviter pour le repas et la nuit. Comme je l'avais écris précédemment, j'ai constaté que c'était le meilleur moyen pour se faire accueillir par quelqu'un. L'effet de groupe fait sans doute que les gens se sentent moins en position de peur. De plus, je remarque que les gens ont plus tendance à vouloir montrer le meilleur d'eux-même lorsqu'ils sont à plusieurs. L'atmosphère est donc beaucoup plus détendue et positive. Je m'approche donc d'abord de trois amis assis à une terrasse de café. Je commence à leur expliquer en jouant comme d'habitude la carte de l'humour. On discute un moment puis il me disent qu'ils n'ont malheureusement pas de solution à me proposer. Il enchaînent "Allez faire un tour auprès des gens de la terrasse d'en fasse. Si on trouve une solution, on vous appelle. Je vais donc faire connaissance avec les gens un peu plus loin. Je fais une table puis deux, sans avoir de réponse positive. Puis, sans que que je m'y attende, les trois amis viennent me taper sur l'épaule et me disent en anglais "On a discuté un petit moment et on a décidé de vous payer une chambre d'hôtel ainsi que le dîner ". Euh..... ok, j'ai du mal à croire ce que je viens d'entendre. Je suis vraiment gâté ces derniers temps. C'en est presque gênant. Mais à la fois, ça a l'air de leur faire totalement plaisir, ils en rigolent entre eux. Sur le chemin de l'hôtel, ils s'arrêtent à plusieurs reprises pour parler aux passants et leur demander si à tout hasard ils ne pourraient pas m'accueillir. C'était comme un jeu pour eux, j'étais amusé de voir ça. On arrive à l'hôtel et on me demande de choisir un repas sur la carte. Après avoir fini de manger, je fais une énorme bise à mes trois amis qui se sont si adorablement cotisés pour que je puisse passer une nuit royale. Bien sûr on s'échange nos contacts. On me conduit à ma chambre et je m'endors paisiblement, le coeur rempli de joie après avoir reçu tant de générosité.

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